Définitions et enjeux : les néo-industriels par Olivier Lluansi

Les néo-industriels, qui sont-ils et quel va être leurs rôles pour guider la France vers une renaissance industrielle ?

28 Nov, 23 | Interviews d'experts

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Les néo-industriels définitions et enjeux

Après un premier livre co-écrit en 2020 avec Anaïs Voy-Gillis “Vers la renaissance industrielle”, Olivier Lluansi prolonge sa réflexion sur des changements dans le secteur industriel avec un second ouvrage.

Les néo-industriels : L’avènement de notre renaissance industrielle” paru cette année est la continuité du premier ouvrage. Il  évoque les évolutions relatives à notre outil productif depuis 2020. Il parle surtout de l’émergence d’une communauté de nouveaux industriels qu’il nomme les “néo-industriels”. Cette communauté relève le flambeau de notre réindustrialisation, s’insérant dans des tensions géopolitiques et géoéconomiques croissantes en quête de symbiose avec la nature.

“Le chemin”, pour reprendre les termes d’Olivier, sera long et encore sans garantie de succès car la réindustrialisation française reste encore très fragile. Cependant, des changements et des inflexions permettent à travers ce nouvel ouvrage une projection aux alentours de 2035 à 2040. Dans cet article de blog, on évoque avec Olivier ce tout nouveau livre et on reviendra sur des éléments essentiels de la réindustrialisation en France et de sa progression.

Quelles sont les origines de ce second ouvrage ?

 

Une réflexion générale sur les héros de cette renaissance industrielle

Cette écriture a été initiée de la réflexion sur les faiseurs et les faiseuses, autrement dit sur les possibles futurs “héros”, du quotidien et de terrain, de notre renaissance industrielle, celles et ceux qui en seront les figures emblématiques d’ici les prochaines années.

Historiquement, nous disposons de deux types de “héros industriels”. D’abord “les grands capitaines d’industrie” et souvent leur famille. Quelques noms : Schneider, Schlumberger… Aussi, Michelin ou Peugeot, Citroën et même Renault, ont été des grands capitaines d’industrie. Ils se sont installés sur le marché de la mobilité ou du moteur thermique naissant et se sont imposés comme leaders. D’ailleurs, c’est un peu le rôle qui est renouvelé aujourd’hui par Elon Musk. 

Après guerre, une autre forme de “héros” est apparue, désincarnée cette fois, à travers les grands programmes étatiques : les centrales électronucléaires, le TGV, Ariane… Si on demande qui les a fait naître, la réponse sera EDF, ou la SNCF, voire l’Aérospatial ou le CNET, des émanations de la puissance publique.

Aujourd’hui, on pourrait imaginer un scénario où les héros seront une nouvelle fois de grands capitaines d’industrie, une figure marquante de notre imaginaire. Ou bien de grands programmes étatiques, c’est d’ailleurs ce qu’on est allé chercher avec les programmes de Montebourg en 2013. 

Mon analyse me pousse vers un autre constat : ces héros seront plutôt un nouveau type d’entrepreneurs.

Qui sont ces “héros” ?

Ces nouveaux entrepreneurs ne sont pas forcément issus de l’industrie et certains sont “tombés dedans” par hasard. Dans mon livre, j’ai retranscrit le témoignage de 15 entrepreneurs engagés ayant des parcours divers pour raconter leurs histoires. J’ai pu constater qu’elles étaient mues par trois ou quatre valeurs : l’environnement, la fierté nationale (la souveraineté et le “made in France” par exemple); l’ancrage territorial ou encore le progrès technologique.

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Je peux citer par exemple le témoignage d’Antoine Hubert, président et cofondateur du groupe Ÿnsect.

Certes, il analysait la sixième extinction d’espèces connues sur terre, mais surtout se questionnait sur ses moyens pour lutter contre. Par la suite, il en est arrivé à une conclusion, la nécessité de passer de l’étude à l’action . Et le mode d’action le plus simple qui lui est apparu, passait par l’industrie. Antoine a donc monté Ÿnsect pour produire des protéines alimentaires à base d’insectes, mode de production nettement moins destructeur de la biodiversité et de l’espace naturel que les élevages de viande bovine par exemple.

En deuxième exemple je peux citer le témoignage d’Eléonore Blondeau qui est guidée par sa conscience écologique et prône la réutilisation des matières.

De la même façon qu’Antoine, elle a la conviction que le passage à l’action est possible, non pas en faisant des protestations, mais en faisant industrie. Elle monte donc une entreprise qui propose un automate pour laver automatiquement les tasses à côté de la machine à café et donc d’éviter les usages uniques.

De nouveaux entrepreneurs qui apportent de nouvelles méthodes industrielles

Parallèlement à ces témoignages, ce que j’ai voulu partager à travers mon livre c’est de montrer qu’il y avait un chemin pour notre Renaissance industrielle et que certains sont déjà en train de le défricher, de la tracer, bref de l’emprunter. En synthèse, si la thèse que je défends se révèle juste, notre réindustrialisation ne sera pas menée par de grands programmes. Elle sera guidée par des “petits commandos” qui se lancent dans des projets de “reconquête industrielle” plus respectueux des enjeux environnementaux ou de souveraineté auxquels nous faisons face aujourd’hui. Aussi, la prochaine grande réflexion pourrait-être “Comment est-ce qu’ils vont réussir à passer à l’échelle ?”. Ce sera peut-être l’objet d’un troisième livre, qui sait ?

 

Pouvez-vous nous rappeler la différence que vous faites entre les termes “renaissance industrielle” et “réindustrialisation” ?

 

Réindustrialisation : une idée intuitive trompeuse de retour des mêmes usines que celles qui sont parties il y a trois décennies

Il y a en réalité deux niveaux. D’abord, je suis ravi que le terme “réindustrialisation” existe et qu’il soit revenu dans le vocabulaire médiatique. Cependant ce terme peut porter en lui une confusion. “Réindustrialisation” exprime une idée intuitive, celle qu’on va ramener en France les usines qui sont parties. Cette idée est fausse, ce n’est juste pas possible ! 

Premièrement, car les techniques de production et notamment via l’industrie 4.0 ont fondamentalement changé. Si on voulait produire la même chose que ce qu’on produisait dans les années 80-90, on le ferait différemment avec des usines très différentes en termes de technologie et d’impact sur l’environnement.

Deuxièmement, nos besoins ont changé, les produits qui répondent à notre demande ne sont pas les mêmes. Aussi, l’idée de faire le mouvement inverse et de ramener ces usines sur des roulettes ne marche pas, techniquement et “marketinguement”.

Renaissance industrielle : une changement de paradigme

Le deuxième niveau repose sur une vision de notre société. Le monde autour de nous change. Effectivement, on était dans un monde, comme je le dis souvent, de consommation, voire de consommation de masse. Pour maximiser la consommation, on a travaillé surtout sur la réduction du coût. On a privilégié le pouvoir d’achat, presque unilatéralement, au détriment d’autres paramètres comme notre souveraineté, notre indépendance productive et l’environnement pendant longtemps.

Aujourd’hui, un autre paradigme sociétale prend sa place, il n’a pas de nom et tout le monde sait à peu près de quoi il s’agit.

La première image que j’ai de cette évolution est issue d’un film. C’est quelques séquences d’un film qui s’appelle “The Wall” par Pink Floyd. Nous sommes dans les années 80 et déjà la dénonciation de cette surconsommation, de ce “gavage collectif” est présente dans l’univers artistique. Celui-ci et bien d’autres, et pourtant cela s’est pérennisé jusqu’à quasiment aujourd’hui. 

Et bien ce monde-là, ce paradigme est en train de changer. Il n’est simplement plus acceptable, pour des questions de limites planétaires ou de géopolitique. Et nous sommes en train d’inventer un nouveau modèle de société donc un nouvel outil productif pour le servir. Il faut bien prendre conscience qu’on ne produit pas pour produire et on ne réindustrialise pas pour réindustrialiser. Notre production sert à répondre à une demande, économique, sociale, voire sociétale. Cela va avoir un impact profond sur les produits qu’on va consommer, leurs caractéristiques et leurs performances, leurs modes de production. Un exemple simple : la bascule du véhicule à moteur thermique vers les véhicules électriques. Des centaines de bascules de cette nature sont en cours, plus ou moins visibles, plus ou moins avancées.

C’est ainsi ce que j’appelle la renaissance industrielle parce qu’il est nécessaire de faire renaître de l’outil productif existant, un nouvel outil productif qui servira un nouveau projet de société.

Comment mesurer cette réindustrialisation ?

Historiquement, pour mesurer les performances de l’industrie, il y avait quatre principaux indicateurs à connaître et à suivre.

  • La part manufacturière du PIB

Il y a plusieurs questionnements autour de cet indicateur et notamment sur la manière d’y intégrer le bien-être collectif ou le respect de l’environnement. En fait , la notion même de PIB est remise en cause. Effectivement, on peut réindustrialiser et avoir un PIB industriel qui baisse si les gains productivité sont plus rapides que l’accroissement des volumes produits. Cet indicateur est donc à suivre mais en connaissance de ses limites. 

  • La balance commerciale

La balance du commerce extérieur des biens manufacturés est un vrai critère macroéconomique de mesure de la santé de notre industrie, car il donne à la fois une idée de sa puissance et de sa compétitivité. Aujourd’hui, dans le commerce extérieur, notre déficit commercial en biens et produits est abyssal. Il va s’améliorer un peu cette année mais c’est essentiellement lié à la facture énergétique. Ainsi, notre balance commerciale est un très bon indicateur… de la faiblesse de notre industrie.

  • L’indicateur d’emploi industriel

Cet indicateur peut être mis en miroir du PIB. On pourrait imaginer des scénarios de réindustrialisation avec une diminution de l’emploi industriel : encore une fois, il suffit que les gains de productivité “travail” soient plus importants que l’accroissement de l’activité productive. Un exemple connu est celui de France stratégie de l’ordre de plus 400 000 créations brutes d’emplois industriels à l’horizon 2030 mais moins 100 000 en net parce que les gains de productivité sont supérieures à la création brute d’activité. 

Ceci étant dit, c’est quand même un critère à regarder et à suivre.

  • Le nombre d’usine ouverte

C’est cette fois ci plutôt un indicateur de dynamique territoriale. Une usine est un lieu de création de richesse et de valeur ajoutée dans un territoire. En fin de compte, dans le cadre d’une répartition géographique de la de la valeur ajoutée, c’est un bon indicateur.

Aujourd’hui, la part manufacturière du PIB baisse ou stagne, la balance du commerce extérieur est abyssale. La France a créé 60 000 emplois manufacturier entre 2017 et 2022, soit une hausse de moins de 2% (c’est limité !), enfin si l’objectif de +100 usines par an a été tenu entre mi-2020 et mi-2022, désormais la tendance est plutôt autour de +50 usines… bref notre réindustrialisation reste donc fragile.

 

En quoi la renaissance industrielle va-t-elle venir booster la cohésion sociale et territoriale ?

 

Lorsqu’on parle de réindustrialisation, on évoque aussi souvent deux finalités sociétales. La première c’est de limiter nos dépendances en lien avec la notion de souveraineté économique. Par exemple, il n’est pas normal que 80% des principes actifs des médicaments que nous consommons soient fabriqués en Asie. Pas plus que 80 à 100% des panneaux photovoltaïques ou des batteries proviennent de Chine. Il existe de très nombreux exemples comme ceux-là.

La deuxième finalité est de dire que les boucles locales de production/consommation sont vertueuses pour l’environnement. Nous pratiquons intensément une forme d’hypocrisie majeure suite à la délocalisation de notre production : notre empreinte environnementale a été délocalisée avec nos productions. En France, 50% de notre empreinte carbone sont liés aux importations !

Ainsi, réindustrialiser correspond à une manière de mieux maîtriser nos destins, productif et environnemental, et de les améliorer. Ces deux éléments me semblent être assujettis à un troisième, encore plus important, c’est que les enjeux environnementaux, géopolitiques ou économiques vont demander des efforts et des investissements considérables : changement d’habitudes, pouvoir d’achat, nouveau système énergétique, etc. 

Et donc tous ces efforts que nous allons devoir faire pour changer de paradigme supposent que nos communautés européennes comme nationales soient suffisamment soudées et solidaires pour faire face.

La cohésion de notre communauté nationale face aux défis qui sont les nôtres est absolument essentielle. On est en train de revoir, peut-être pas notre mode de civilisation, mais au moins notre mode de vie au sein de cette civilisation. À mon sens, la renaissance industrielle sert cette cohésion parce qu’elle permet de mieux répartir la création de valeur ajoutée sur l’ensemble du territoire. Si comme on l’a fait pendant quatre décennies nous concentrons la richesse dans les métropoles, nous allons au devant de nouveaux mouvements comme celui des “Gilets Jaunes”. 

Outre le fait que l’industrie est un élément de réponse aux enjeux environnementaux et de souveraineté, elle est aussi un élément clé de notre cohésion territoriale.

 

Comment définir le profil-type du néo-industriel finalement et en quoi est-il différent des entrepreneurs industriels “historiques” ?

 

Mon intuition est tout d’abord qu’il n’existe pas à ce jour de profil-type. C’est pour cela que je voudrais lancer la réflexion sur le sujet

S’il était avéré que ces personnes-là nous montrent le chemin de notre réindustrialisation, cela impliquerait aussi de profonds changements dans nos politiques publiques. Notre politique industrielle devrait soutenir d’abord ces initiatives-là. En somme, identifier en amont quelles sont les personnes qui porteront cette transformation et cette renaissance, permet d’anticiper les évolutions nécessaires de nos politiques industrielles

#1 Des entrepreneurs

Premièrement et c’est est assez important, ces personnes sont des entrepreneur(se)s engagé(e)s.

J’aime beaucoup mettre en évidence le rôle de l’entreprise dans notre paysage sociétal. Le rôle de la spiritualité a été décroissant dans une société très matérialiste pendant 50 ans. SI a contrario, le rôle de l’État a été très fort, notamment en France, on perçoit bien aujourd’hui qu’il a ses limites. Aussi nous sommes plusieurs à nous interroger sur le rôle des entreprises, elles sont sans doute en train de devenir des “institutions”.

Ces entrepreneurs(ses) engagé(e)s incarnent le fait que l’entreprise deviendrait une “institution”, c’est-à-dire des acteurs de l’intérêt général et pas seulement de l’intérêt particuliers de leurs sociétaires, avec justement cette capacité à donner l’impulsion nécessaire à notre société dans son ensemble. 

#2 Aimer transformer la matière

Le deuxième point que je mets un peu en avant aussi, est que ces  néo-entrepreneurs ont une relation un peu alchimique avec la matière, c’est-à-dire que pour eux, c’est quelque chose de fascinant (un peu magique). Il y a donc une relation à la matière qui est de l’ordre de l’émotionnel, de la fierté, de l’émotion ou du ressenti. Cette relation  va beaucoup plus loin qu’un simple processus de transformation

#3 Être engagé(e) en faveur de l’environnement, de la souveraineté ou de la société

Troisièmement, et c’est un point clé, ils sont habités par une grande cause. Pour eux, l’industrie est l’instrument d’une conviction qu’ils ont : le “made in France”, le développement de leur territoire, l’environnement ou le progrès technologique.

Cette dernière est historique car elle incarne la croyance que la technologie apporte du progrès à la société. Cette croyance était très forte avant et a périclité à partir du moment où il y a eu le débat par exemple sur le nucléaire. Elle a son pendant actuel : est-ce que le numérique nous apporte vraiment du progrès ou au contraire est-ce une régression de nos libertés individuelles ? Les autres nous les avons déjà développées plus haut.

#4 Se mobiliser pour une cause initialement personnelle

Il y a aussi deux autres éléments de profil qui m’ont intéressés. En premier lieu j’ai remarqué que ces personnes avaient souvent une personnalité extrêmement forte et j’ai même pensé que cela cachait une blessure personnelle.

J’ai imaginé que les gens qui ont bien fonctionné dans le système jusqu’à présent ne se sont pas naturellement dirigés vers l’industrie. Ils ont été vers la fonction publique, la finance, les grands groupes etc. Ces secteurs qui incarnaient la réussite sociale. Dans tous les cas, je retrouve chez ces personnes ce trait d’“éclaireurs de notre renaissance industrielle”, des personnes qui ont des parcours atypiques ou bouleversés.

#5 Ces néo-industriels ont-ils un modèle, une figure emblématique qu’ils suivent ?

Ce dernier point est pour moi l’un des plus marquants. C’est un fait, l’industrie française a été dénigrée pendant 40 ans et aujourd’hui nous n’avons plus de figure emblématique pour inspirer ces néo-industriels.

Je leur ai demandé quel était leur modèle. Naïvement, je m’attendais à voir Elon Musk mais en fait ce n’est pas une figure emblématique du tout, à cause de ses prises de position sur les dimensions sociales ou environnementales. C’est même un repoussoir pour la plupart d’entre eux.

En fait, ils n’ont pas de modèle parce que pendant 40 ans, l’industrie a été vue comme has-been, passée. Et qu’en conséquence, notre société n’a pas engendré de personnalités industrielles emblématiques et de modèles de référence sur ce sujet. Si je continue ma réflexion, ces gens-là sont en train de créer une nouvelle génération de modèles, qu’ils incarneront peut-être (voire sûrement).

 

Pour réussir plus rapidement et facilement, de quoi ont besoin ces néo-industriels ?

 

Aujourd’hui, il est un peu tôt pour dire qu’il existe une vraie communauté de néo-industriels, ils se connaissent peu, ils ne sont pas dans les mêmes territoires, et pourtant il me semble essentiel que notre politique industrielle favorise leur essor et notamment leur passage à l’échelle.

La question centrale que nous devrions nous poser est la suivante : s’ils incarnent bel et bien les “héros” à venir de notre renaissance industrielle , de quoi ont-ils besoin pour réussir ?

À ce jour, ils ne pèsent pas dans les débats publics, justement parce qu’ils ne font pas communauté. Par exemple, suite aux différents témoignages dans le livre, certains m’ont rappelé après la publication pour me dire à quel point ils étaient heureux de ne plus se sentir seuls. Leur sentiment de solitude, celui de l’entrepreneur, est assez classique. On le retrouve moins dans des communautés de startups du numérique par exemple qui, quant à elles, on fait communauté. C’est sans doute un exemple à suivre.

Aussi aujourd’hui il faut davantage leur donner la parole… ou bien qu’ils la prennent. Très clairement, avec une capacité d’influence et l’expression claire de demandes vis-à-vis de la puissance publique, nos néo-industriels pourraient davantage peser sur les orientations des politiques publiques. Faisons les parler, écoutons-les et faisons pivoter nos politiques pour mieux les accompagner.

 

Que représente pour vous cette “société civile de l’industrie” que vous évoquez dans vos remerciements et en quoi elle vient compléter les actions des associations syndicales et patronales traditionnelles ?

 

D’abord merci pour la question car on ne me la pose pas souvent et elle est essentielle pour moi.

En réalité, ce remerciement est aussi un appel : j’espère que cette société civile de l’industrie se structure un peu plus. Je crois qu’à côté des représentations classiques “syndicats professionnels”, “fédérations” parfois “filières”, il existe un espace pour fédérer différemment nos industries, pour peser dans le débat public. 

Je vais vous donner un exemple, les personnes qui  prennent la parole pour représenter l’industrie sont très souvent les représentants des filières, principalement issues des grands groupes. En l’occurrence, les ETI et PMI sont très mal représentées. De même la dimension territoriale et celle des écosystèmes dans ces représentations est très faible. 

À côté de cette structuration qui a sa force, mais aussi ses limites, il y a une nécessité de faire vivre d’autres façons de représenter et vivre l’industrie pour enrichir le débat. C’est ce que font les Forces Françaises de l’Industrie ou encore le mouvement Made in France ou encore le Retour de l’industrie en France…

Ce que j’essaye de communiquer c’est qu’il a une place pour une “société civile” de l’industrie qui doit être porteuse de cette nouvelle façon de penser et ces nouvelles valeurs. Choses dont on a tant besoin dans le cadre du changement de paradigme évoqué plus haut.

En conclusion, selon Olivier, le néo-industriel se distingue en tant que potentielle figure emblématique de notre avenir industriel, un individu qui non seulement est un entrepreneur engagé, qui transforme la matière et a avec elle une relation émotionnelle, mais aussi communique et partage son expérience, transmets sa passion avec une intensité captivante. C’est, à ses yeux, la clé incontournable pour réhabiliter l’industrie : partager une expérience émotionnelle, susciter l’envie.

De surcroît, Olivier met en lumière l’émergence indéniable d’un esprit de communauté autour de valeurs cardinales. Cet esprit collectif représente un véritable potentiel pour faire renaître notre industrie, une capacité à innover, inventer, s’engager qui transcende les frontières sociale et territoriale.

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