Nabila Benmostefa est chercheuse en sciences de gestion au sein du programme Aurore de Blue Soft Consulting. Après avoir soutenu une thèse portant sur l’apprentissage au sein des communautés de pratique du centre de formation d’Airbus Helicopters, elle a poursuivi ses travaux sur les dynamiques des communautés dans d’autres grandes organisations.
Ses recherches portent notamment sur des thématiques clés telles que le partage de connaissances, l’évolution dans la maîtrise des pratiques, l’innovation, l’apprentissage organisationnel et la socialisation au sein des communautés. Elle contribue activement à l’avancement de ces sujets à travers sa participation à divers événements académiques et professionnels, où elle partage ses analyses et enrichit les échanges entre chercheurs et praticiens.
Parallèlement, Nabila Benmostefa mène également des recherches sur des thématiques relatives à la gestion des projets dans les programmes de transformation.
Emergence de l’observatoire des communautés
Dès le début des années 1990, les travaux portant sur les communautés ont connu un essor significatif. Plusieurs chercheurs se sont attachés à les définir et à en caractériser les spécificités. Depuis, des études approfondies ont été menées au sein de grandes organisations telles que Bell, Orange, le Groupe SEB, Xerox, Schneider Electric, GDF SUEZ, IBM, et bien d’autres. Ces structures se distinguent par le regroupement d’individus autour d’objectifs communs, leur permettant ainsi de développer des compétences tant individuelles que collectives.
Ces recherches ont permis de mettre en lumière diverses typologies de communautés, désormais bien établies dans la littérature scientifique, notamment les communautés d’innovation, les communautés de pratique, les communautés épistémiques et les communautés de consommateurs. Selon leur nature et leur contexte, ces communautés peuvent être autogérées ou bénéficier d’un mécanisme de pilotage visant à garantir leur fonctionnement optimal. Aujourd’hui, l’abondance des travaux scientifiques consacrés à ces sujets témoigne de l’importance croissante accordée à ces formes d’organisation.
Pour approfondir ces thématiques, plusieurs ouvrages de référence se distinguent et offrent une lecture enrichissante pour quiconque s’intéresse à l’étude des communautés :
- Wenger, E., McDermott, R. A. et Snyder, W. (2002). Cultivating communities of practice: A guide to managing knowledge. Harvard Business School Press.
- Sarazin, B., Cohendet, P., et Simon, L. (2017). Les communautés d’innovation : de la liberté créatrice à l’innovation organisée. Éditions EMS.
- Parmentier, G., Crespin-Mazet, F., Goglio-Primard, K., Thiesse, C., et Guillaume, L. P. (2023). Le guide pratique des communautés. Éditions d’innovation.
En France, divers colloques sont organisés chaque année, offrant aux chercheurs et praticiens des espaces d’échanges sur les résultats de recherche et les pratiques organisationnelles. Parmi les manifestations notables figurent le symposium annuel du KCO (Knowledge Communities Observatory), le colloque de l’AGECSO (l’Association pour la Gestion des Connaissances dans les Sociétés et les Organisations), ainsi que ceux de l’AIMS (l’Association Internationale de Management Stratégique) et de l’AGRH (l’Association francophone de Gestion des Ressources Humaines) qui constituent autant d’occasions de partage des avancées scientifiques et professionnelles.
Cependant, ces rencontres soulignent également l’importance de disposer d’un outil dédié à une étude globale et concertée des communautés au sein des organisations, notamment en France. Un tel dispositif regroupant plusieurs communautés de différentes organisations permettrait non seulement de les recenser, mais également de mieux les comprendre, de suivre leur évolution dans le temps, d’évaluer leur impact sur leurs membres et de documenter les pratiques qui contribuent à leur succès. C’est dans cette optique que l’observatoire des communautés a vu le jour, visant à répondre ainsi à un besoin croissant de structuration et d’analyse des dynamiques communautaires dans un cadre scientifique et pratique unique et centralisé.
Mise en place de l’observatoire des communautés
L’observatoire des communautés a été initié par des chercheurs du programme de recherche Aurore porté par l’entreprise Blue Soft Consulting. Toutefois, son avancement n’a pu se réaliser qu’au travers des contributions de plusieurs chercheurs académiques et praticiens spécialisés dans les domaines des communautés, de l’innovation et de la gestion des connaissances.
Ainsi, les travaux de l’observatoire sont soumis à des discussions et à des échanges préalables avant leur mise en œuvre afin de garantir leur pertinence et leur rigueur scientifique. Dans cette démarche collaborative, l’observatoire des communautés a noué un partenariat avec Wudo, dans le but d’enrichir des productions scientifiques communes. En effet, Wudo joue un rôle déterminant en soutenant l’identification des dynamiques internes qui influencent le fonctionnement des communautés. Grâce à son terrain d’étude particulièrement riche en pratiques communautaires, la contribution de Wudo permet d’apporter des perspectives profondes sur les modes d’interaction et de collaboration des membres. Ce travail commun témoigne de leur engagement envers la recherche scientifique et reflète son ambition continue d’améliorer la performance des communautés qu’elle accompagne.
L’observatoire des communautés entretient également des partenariats avec d’autres organisations et entreprises issues de secteurs d’activité variés. Cette collaboration permet d’enrichir ses analyses et de garantir une comparaison pertinente des cas d’étude, assurant ainsi des résultats à la fois significatifs et éclairants.
L’observatoire des communautés : en quoi cela consiste ?
L’observatoire des communautés constitue un dispositif mis en place pour dresser un état des lieux du fonctionnement des communautés au sein des organisations. Il s’agit d’une plateforme de suivi du développement des communautés dans les organisations/entreprises dans le temps. Les chercheurs s’intéressent à recueillir la perception des membres, des animateurs/leaders et des sponsors sur leur participation au sein de chaque communauté. Afin d’atteindre cet objectif, les chercheurs mobilisent deux méthodes complémentaires : un questionnaire à grande échelle, permettant de collecter des informations générales, ainsi que des entretiens individuels et/ou de groupe, visant à approfondir certains aspects spécifiques de l’étude.
Chaque communauté est analysée individuellement puis, une analyse comparative est réalisée entre toutes les communautés participantes à l’étude. Cela permettra de produire une meilleure compréhension du fonctionnement des communautés et de les comparer.
Modalités de participation à l’observatoire des communautés
Toute personne faisant partie d’une ou plusieurs communautés peut participer à cette étude. Elle peut endosser divers rôles, à savoir le rôle d’animateur/leader, sponsor, membre actif ou membre occasionnel. Dans le cas où un individu participe à plusieurs communautés, il est important de répondre à un questionnaire distinct pour chaque communauté afin de garantir la pertinence des données collectées et permettre une analyse inter-communautaire.
Les personnes intéressées par cette étude seront invitées à y contribuer en remplissant le questionnaire de l’observatoire, d’une durée estimée à environ 6 minutes. Ce questionnaire comprend des questions portant sur l’organisation des communautés étudiées ainsi que sur la perception de la participation des membres répondants.
Cette démarche concerne plusieurs communautés issues de différentes organisations. Les données recueillies sont anonymes et seront traitées et analysées par l’équipe du programme de recherche Aurore. Les résultats anonymes seront présentés à la fois par communauté et par organisation, permettant ainsi une meilleure compréhension du fonctionnement de chaque communauté, de ses points forts, ainsi que des domaines nécessitant des améliorations selon la vision des membres. Une comparaison des communautés entre elles, tant au sein des mêmes organisations qu’entre différentes entreprises, permettra d’identifier les meilleures pratiques à adopter et les éléments à corriger ou à éviter sur un plan global.
Les résultats de cette étude seront communiqués aux participants sous forme de rapports rédigés et lors de présentations dédiées. Par ailleurs, des ateliers de réflexion sur les dynamiques communautaires seront proposés afin de stimuler les échanges entre les praticiens participants et les chercheurs.
De plus, si vous gérez déjà une communauté et que vous souhaitez améliorer vos compétences de community builder, vous pouvez rejoindre gratuitement le Wudo’Club, 1er club de partage et d’échange dédié au community builder !
Cet entretien a été réalisé grâce à la contribution volontaire et gratuite de Nabila BENMOSTEFA, chercheure en sciences de gestion au sein du programme Aurore de Blue Soft Consulting. Nous la remercions chaleureusement pour le partage de son expérience et son temps pour la rédaction de cette interview.