Article proposé par Sophie FRANTZ, hôte du podcast Les Intelligences Collectives, dans le cadre d’un partenariat avec Wudo.
Les Chapeaux de Bono sont une méthode de facilitation en intelligence collective conçue pour aider les équipes à dépasser leurs biais cognitifs et à explorer une problématique sous différents angles. Inspirée par le concept de pensée latérale du psychologue Edward de Bono, cette approche permet de structurer la réflexion d’un groupe en adoptant successivement différentes postures de pensée.
Dans cet article, nous allons explorer :
- Pourquoi utiliser les Chapeaux de Bono ?
- L’origine et le principe de la méthode
- Le déroulé d’un atelier
- Les bonnes pratiques et points de vigilance pour un usage efficace
Durée de l’atelier : De 30 à 60 minutes.
Taille du Groupe : Convient aux petits groupes (< 10) et aux groupes moyens (entre 10 et 30) mais est plus difficile à mettre en place pour les grands groupes.
1. Pourquoi utiliser les Chapeaux de Bono ?
Cet outil est particulièrement utile dans deux cas de figure :
- Quand une pensée de groupe s’est formée et que l’équipe peine à explorer d’autres alternatives.
- Quand aucune idée ne ressort, et qu’il faut structurer un brainstorming pour clarifier la situation et générer de nouvelles pistes.
L’objectif est d’inviter les participants à changer de perspective et à sortir de leur mode de pensée habituel. En passant par différentes phases émotionnelles et analytiques, l’atelier permet souvent d’aboutir à des solutions innovantes.
2. L’origine et le principe des Chapeaux de Bono
Edward de Bono a développé cette méthode pour structurer la réflexion en six modes de pensée distincts, représentés par des chapeaux colorés :
- 🟦 Le chapeau bleu (organisation) : rôle du facilitateur, gestion du cadre et des règles du jeu.
- ⚪ Le chapeau blanc (neutralité) : collecte d’informations factuelles, analyse objective.
- ⚫ Le chapeau noir (pessimisme) : mise en lumière des risques, obstacles et contraintes.
- 🟡 Le chapeau jaune (optimisme) : exploration des opportunités et bénéfices.
- 🔴 Le chapeau rouge (émotions) : expression des ressentis et intuitions.
- 🟢 Le chapeau vert (créativité) : génération d’idées nouvelles, sans contrainte.
Chaque chapeau représente un rôle que tous les participants adoptent simultanément. Ce principe favorise l’immersion et évite les conflits d’opinions en alignant temporairement toute l’équipe sur un même mode de pensée.
3. Comment se déroule un atelier ?
Étape 1 : Introduction et rôle du facilitateur
Le facilitateur endosse le chapeau bleu et pose le cadre de l’atelier :
- Expliquer l’objectif et la problématique.
- Présenter les différents chapeaux et leurs rôles.
- Fixer les règles (ex. pas d’interruptions, respect du temps imparti pour chaque phase).
Étape 2 : Le chapeau blanc – L’analyse neutre
L’équipe commence par un temps de clarification :
- Quelles sont les données factuelles disponibles ?
- Quels sont les éléments manquants à collecter ?
Il s’agit ici d’éviter les opinions ou jugements et de poser les bases de la réflexion.
Étape 3 : Le chapeau noir – Les risques et contraintes
Les participants endossent le chapeau du pessimisme :
- Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
- Quels sont les freins, limites et dangers du projet ?
Cette étape permet d’identifier les obstacles potentiels pour mieux les anticiper.
Étape 4 : Le chapeau jaune – Les opportunités
À l’opposé du précédent, cette phase explore les points positifs :
- Quels sont les avantages et bénéfices possibles ?
- Quelles ressources peuvent être mobilisées pour réussir ?
Elle permet de rehausser la dynamique du groupe et de nourrir la motivation collective.
Étape 5 : Le chapeau rouge – L’expression des émotions
Ce moment est dédié à l’introspection et au ressenti des participants :
- Que ressentez-vous face à cette problématique ?
- Intuition, craintes, enthousiasme… tout peut être partagé librement.
Cette phase est importante car elle permet de prendre en compte les facteurs humains, souvent sous-estimés dans la prise de décision.
Étape 6 : Le chapeau vert – La créativité
Ici, place aux idées sans censure ! L’objectif est de générer un maximum de solutions, même farfelues. Le facilitateur peut encourager la production d’idées en rappelant que tout est permis.
💡 Astuce : Si le groupe peine à se lâcher, proposez une idée absurde pour débloquer les esprits !
Étape 7 : Retour au chapeau bleu – Synthèse et plan d’action
L’atelier se termine par une phase de structuration des idées et la définition des prochaines étapes :
- Quels apprentissages tirer de l’atelier ?
- Quelle solution semble la plus pertinente ?
- Quel est le prochain pas concret à mettre en œuvre ?
Cette clôture permet d’éviter l’effet « pschitt », où l’énergie retombe sans action concrète derrière.
4. Bonnes pratiques et points de vigilance
✅ Adopter la dynamique de groupe : tout le monde doit porter le même chapeau en même temps pour favoriser l’immersion.
✅ Créer un cadre propice : évitez les salles de réunion trop formelles, privilégiez un cercle de discussion pour favoriser l’échange.
✅ Encourager le jeu de rôle : la méthode peut sembler ludique, mais l’important est de réellement entrer dans chaque posture pour en tirer le meilleur parti.
⚠️ Ne pas en faire un simple exercice amusant : Si l’atelier devient trop léger, il risque de perdre en efficacité et de ne rien produire d’exploitable.
⚠️ Ne pas forcer les émotions : Certains participants peuvent être mal à l’aise avec le chapeau rouge. Le facilitateur doit créer un climat de confiance pour permettre leur expression.
⚠️ Ne pas brider la créativité : Beaucoup de participants restent trop réalistes avec le chapeau vert. N’hésitez pas à stimuler les idées folles, elles peuvent mener à des solutions inattendues !
Les Chapeaux de Bono sont un outil puissant de facilitation permettant de structurer la réflexion et de libérer la créativité d’un groupe. Ils sont particulièrement utiles pour sortir d’un schéma de pensée unique et aboutir à des solutions innovantes.
Toutefois, la posture du facilitateur est essentielle pour guider l’atelier et éviter les écueils courants. Un cadre bien posé, une dynamique active et une bonne gestion des émotions garantiront un atelier réussi et productif.
