Notre avis sur le livre Coopérer et se faire confiance d'Eloi Laurent - Wudo

Notre avis sur le livre Coopérer et se faire confiance d’Eloi Laurent

Juin 3, 2024 | Ressources et outils

Coopérer et se faire confiance - l'avis de Wudo sur le livre d'Eloi Laurent

 

« Coopérer et se faire confiance – Par tous les temps » est un livre de l’économiste Eloi Laurent. Dans son ouvrage, il explore comment la coopération, la confiance et même l’amour (!) sont essentiels dans notre société, notamment face aux crises écologiques, économiques et sociales, pour créer une résilience collective.

L’auteur propose de passer d’une logique de collaboration, souvent synonyme de compétition feutrée portée par l’individualisme, à une véritable coopération, basée sur l’entraide et la solidarité. Les chapitres proposés sont :

  1. Il est temps de coopérer
  2. Apprendre à coopérer, savoir se faire confiance
  3. La coopération en crise
  4. Régénérer la coopération
  5. Le temps retrouvé de la coopération

Le livre est court (moins de 100 pages), il se lit donc rapidement et facilement. Ce qui nous a plu c’est qu’il offre un regard bien plus approfondi sur la notion de coopération. C’est donc un ouvrage complémentaire de tous les autres livres sur ce thème. Si vous vous intéressez à tout ce qui a attrait aux notions de coopération, collaboration, d’intelligence collective, de communauté, alors courrez vite chez votre libraire préféré !

 

Coopération vs Collaboration : nuance fondamentale

Comme le souligne l’auteur dans son introduction, « ce livre entend d’abord montrer comment, à la suite de Darwin, la biologie puis la psychologie sociale on a enfermé la coopération humaine dans une compréhension bien trop restrictive, qui l’assimile à la collaboration. »

Ainsi, un point clé de son livre est le rappel fait sur la différence entre coopération et collaboration. Très (trop ?) souvent confondues, Eloi Laurent distingue clairement la collaboration de la coopération. La collaboration, terme phare des milieux professionnels, se limite souvent à une coordination d’efforts, chacun poursuivant ses propres objectifs. La collaboration est donc limitée et ne peut être vue comme un outil d’intelligence collective au service de tous les membres d’un groupe. La coopération, en revanche, implique un engagement plus profond, une mise en commun des ressources et des savoirs pour atteindre un but commun, au bénéfice de tous.

 

L’urgence d’une coopération renouvelée pour affronter les défis d’aujourd’hui

L’auteur propose ainsi « pour surmonter ce péril (des défis imposés par la crise écologique) de repenser la coopération et la confiance en faisant de l’amour, dans toutes ses dimensions, leur matrice commune. »

L’individualisme et l’économisme dominants, issus de la pensée capitaliste – plutôt récente à l’échelle de l’humanité -, fragilisent la confiance, élément prépondérant du développement économique. Or, la compétition excessive et la méfiance entravent la circulation des informations et des idées, nuisant à l’innovation et à la performance collective.

A l’inverse, la coopération permet de :

  • Mutualiser les savoirs et les compétences pour trouver des solutions innovantes aux défis communs.
  • Renforcer la confiance et la solidarité, favorisant un climat d’entraide et de bienveillance.
  • Mieux répondre aux attentes des clients et des partenaires, en proposant des offres plus complètes et plus adaptées.

Il est donc important de repenser notre façon de travailler ensemble, de coopérer en confiance, pour développer notre résilience dans un monde en pleine mutation.

Nécessité de la coopération et de la confiance pour développer la résilience

L’auteur plaide pour une société fondée sur la coopération et la confiance, où les individus collaborent pour relever les défis collectifs et construire un avenir durable et juste.

La coopération est indispensable pour faire face à des enjeux complexes comme le changement climatique, les crises migratoires ou les inégalités. Elle permet de mutualiser les savoirs, les compétences et les ressources pour trouver des solutions collectives et solidaires.

Reconstruire la confiance entre les individus, les institutions et les communautés est donc crucial. Cela passe par un renouveau démocratique, impliquant une plus grande participation citoyenne et une transparence accrue des processus décisionnels.

Leviers pour la coopération et la confiance

Eloi Laurent propose plusieurs leviers pour favoriser la coopération et la confiance, notamment :

  • Renforcer les institutions démocratiques : Favoriser la participation citoyenne et la transparence des processus décisionnels.
  • Promouvoir l’éducation à la coopération et à la citoyenneté : Développer des compétences et des valeurs propices au travail en commun et à la prise en compte de l’intérêt général.
  • Soutenir les initiatives locales et alternatives : Encourager les expérimentations et les innovations sociales qui incarnent les principes de coopération et de solidarité.
  • Réinventer les politiques publiques : Dépasser la logique néolibérale et privilégier des approches qui favorisent la coopération, la redistribution et la préservation des biens communs.

 

Coopérer et se faire confiance : ce que nous avons le plus apprécié

Vous trouverez ci-après les passages du livre qui nous ont le plus marqués :

  • Paragraphe Une nouvelle approche : coopérer par amour et pour savoir (p19 à 27)
    • « On coopère pour savoir, parce que le commerce de l’intelligence humaine est un jeu à somme infinie dont les bénéfices sont incalculables »
    • On coopère pour savoir et « par amour »
    • « La coopération humaine (repose) […] sur un élan amoureux dont le but, la connaissance, est incertain au moment de s’engager. »
    • Les 3 sphères enchâssées de la coopération par amour :
      • Les liens intimes (Famille)
      • Les liens sociaux (Economie Politique)
      • Les liens vitaux (l’environnement du vivant)
    • « Apprendre à coopérer tout au long de la vie suppose de développer des synergies fécondes entre les trois sphères »
  • Paragraphe Collaboration contre coopération : nouveaux développements » (p 28 à 31) ou vous trouverez les 5 différences entre collaboration et coopération
  • Paragraphe La coopération dévorée par la collaboration (p32 à 36) où vous y découvrirez :
    • pourquoi « la coopération a besoin de temps pour se construire »
    • en quoi « l’emprise du numérique et le développement exacerbé des « réseaux sociaux » ont nui à la coopération »
    • l’importance de préserver du « temps de coopération pour faire face aux effets sociaux et environnementaux de l’emprise numérique« 
    • en quoi « l’appareil numérique devient une prothèse cérébrale qui [entrave] la coopération« 
  • Chapitre : La coopération en crise :
    • Paragraphe sur la « pandémie de solitude », un sujet que nous abordons régulièrement avec nos clients et nos prospects (rappelons que plus d’un professionnel sur 2 sera un jour confronté à un sentiment d’isolement dans son travail)
    • Paragraphe sur l’éducation où l’auteur nous rappelle en quoi « l’école est la première et la plus fondamentale des institutions de la coopération« 
  • Dans le chapitre Régénérer la coopération, on a aimé le rappel sur le fait qu’il est « impossible de forcer quelqu’un à coopérer, comme il est impossible de le forcer à aimer à ou à connaitre ; l’enjeu est de lui permettre de le faire ». L’auteur souligne également que les « espaces de coopération sont tout aussi nécessaires que les temps de coopération », renforçant l’importance de penser global quand on souhaite déployer et animer un dispositif communautaire ! Ce point de vue est d’ailleurs renforcé dans la conclusion du livre où Eloi Laurent écrit que « la vie numérique n’est qu’une simplification trompeuse » (de la coopération)

 

Conclusion : un livre sur la coopération classé dans nos favoris !

« Coopérer et se faire confiance » n’est pas un simple constat, mais un appel à l’action. L’auteur nous invite à repenser nos sociétés et à construire un avenir plus juste, durable et solidaire. Son message d’espoir est porteur d’une invitation à nous mobiliser collectivement pour créer un monde meilleur.

En ces temps de profonde mutation, notamment avec le développement effréné de l’intelligence artificielle, Eloi Laurent nous rappelle que notre « capacité à coopérer (et non seulement à collaborer) nous différencie certes des autres vivants, mais aussi des machines. La coopération humaine est organique […], c’est la part inimitable de notre intelligence. Pour aller de l’avant, il faut s’appuyer sur ce qui nous distingue des machines afin de leur reprendre le contrôle » (ou ne pas le perdre !).

« Coopérer et se faire confiance » est donc un livre que l’on rangera avec plaisir aux côtés de nos autres favoris (« Le Guide Pratique des communautés« , « Le pouvoir des communautés« , « L’entraide, l’autre loi de la jungle », etc…).

Pour vous le procurer, rendez-vous dès maintenant dans votre libraire préféré !

A propos de l’auteur : 

Eloi Laurent est enseignant-chercheur à l’OFCE/Sciences Po et à Ponts Paris Tech. Il enseigne également à l’université de Stanford. Ses travaux font référence dans le champ de la post-croissance, de l’économie du bien-être et de la social-écologie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont :

  • L’économie de la confiance
  • L’impasse collaborative
  • Nos Mythologies économiques

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Sources :

 

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